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La ligne éditoriale nichée et orientée n’empêche pas le média de fournir un contenu journalistique de qualité.

Le modèle d’affaires dépourvu de publicité d’Unpointcinq fonctionne grâce à des subventions gouvernementales. Une “chance” que ne peuvent pas se permettre d’autres types de média, moins axés sur les solutions. 

Le modèle d’affaires est en transition : le média adoptera bientôt une nouvelle approche afin de moins dépendre des subventions gouvernementales.

SYNTHÈSE ANALYTIQUE

La ligne éditoriale nichée et orientée n’empêche pas le média de fournir un contenu journalistique de qualité. Son indépendance est justement garantie par ce positionnement éditorial unique au Québec : les solutions de réduction de GES face aux changements climatiques. Les partenaires financiers ont peu d’intérêt à tenter d’influencer une ligne éditoriale qui n’est pas axée sur la confrontation, ou encore la concurrence.

 

Unpointcinq fait partie d’un projet scientifique plus vaste : c’est un laboratoire vivant qui permet à la recherche en communication environnementale d’évoluer et de s’adapter au lectorat. Le média cherche à mieux communiquer l’information climatique pour cibler et rejoindre le public québécois qui ne forme pas un tout homogène lorsque sont évoqués les changements climatiques.

 

Nous pouvons affirmer que Unpointcinq fonctionne effectivement sans publicité, excepté par le biais de sa collaboration avec les Cahiers spéciaux du Devoir, puisque les revenus proviennent de la publicité. Son modèle d’affaires repose principalement sur des subventions gouvernementales. 

Mais ce modèle d’affaires est temporaire : une nouvelle approche est en cours de développement. Dans un futur proche, le média pourrait davantage embrasser les fonctions d’une agence de contenus journalistiques et communicationnels produits par deux équipes distinctes. Cela répond au besoin de diversification des activités médiatiques aujourd’hui, dans un contexte de pertes de revenus publicitaires au profit des géants du web. 

Le média se dit non militant et non partisan dans la mesure où il « n’incite pas ses lecteurs à prendre part à des manifestations et ne cherche pas à s’immiscer dans les débats politiques ni à commenter l’actualité environnementale. » Or, le logiciel Antidote définit le verbe « militer » comme « constituer un argument pour ou contre quelque chose, quelqu’un. » À cet effet, la quasi-totalité des articles sur le site donne des conseils pour émettre moins de GES. La définition du militantisme telle qu’offerte par l’éditeur et le rédacteur en chef  n’entre toutefois pas en conflit avec l’objectivité journalistique.

 

L’analyse du traitement de l’information fait ressortir certaines formulations qui ne semblent pas entièrement objectives notamment par la présence de verbes impératifs qui peuvent laisser aux lecteurs une certaine impression de prise de position de la part du média.

Le caractère indépendant d’Unpointcinq se reflète aussi dans sa stratégie numérique. L’utilisation majoritaire de plateformes gratuites telles que Google et Facebook pour faire la promotion du site montre une certaine débrouillardise propre à ce genre de média aux moyens plus restreints. Une grande partie des dépenses publicitaires pour réussir la promotion auprès du lectorat est investie dans Facebook. Leurs revenus provenant exclusivement de fonds gouvernementaux et dans une moindre mesure de dons d’institutions financières (n’offrant pour l’instant aucun espace publicitaire à vendre contre rémunération) expliquent ces choix d’investissement limités et renforce l’idée d’indépendance.

La stratégie numérique semble aussi en concordance avec l’objectif avoué du site d’élargir sa base de lecteurs le plus possible, sans regard au type de lectorat, pour mener à bien sa visée éducative. Elle promeut leurs propres articles et ne semble pas apporter de prises de positions claires sur des enjeux. Le seul doute évident qui pourrait subsister est aussi issu de critiques préalablement apportées. La proposition de styles de vie écologiques ou de solutions citoyennes pour faciliter la réduction de GES sur les médias sociaux peut compter comme un biais. Mais cette interprétation dépend, comme pour le reste de l’analyse, de la définition donnée du terme « militantisme ».

Émélie Rivard-Boudreau est d’avis que les changements climatiques ne sont scientifiquement plus contestés et qu’il n’y a, de ce fait, pas de prise de position qui peut émerger de son implication au sein du média. Elle estime davantage que la couverture des dérèglements climatiques est comparable à un beat journalistique. Elle voit, qui plus est, plutôt Unpointcinq comme un média scientifique. La pigiste avoue néanmoins qu’il lui est parfois plus facile de consulter directement des spécialistes de leur partenaire Ouranos toutefois, sans incitation tacite.

Dans le cadre de cette analyse, considérer Unpointcinq « militant » reviendrait cependant à considérer d’autres médias de la même manière. Radio-Canada, par exemple, reconnaît ouvertement l’urgence climatique comme établie. Une décision de l’ombudsman de Radio-Canada de 2015 reconnaît l’impossibilité de débattre sur la crédibilité des changements climatiques à cause d’un consensus d’une forte, voire écrasante, majorité de la communauté scientifique.

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